vendredi 13 février 2009

OTTO, ROI D'ALBANIE

C'est une histoire comme on les aime: complètement farfelue, complètement dingue!
Otto Witte et sa fille  Otto Witte est né à Düsseldorf en Allemagne en 1872. Dès son plus jeune âge il est obligé de gagner sa vie sur les foires et dans les cirques comme illusionniste. Après des années de petits boulots - et larcins - comme artiste peintre, équarrisseur, hôtelier, capteur d'animaux et scaphandrier il entre ensuite comme légionnaire dans l'armée turque. Une escroquerie l'envoie dans une prison en Espagne d'où il s'évade avec un complice, Max Schlepsig, avec lequel il monte un cirque, Witte en tant que clown, son compagnon comme avaleur de sabres.

Une nouvelle aventure commence quand Witte et Schlepsig s'engagent auprès d'un prince hongrois qu'ils accompagnent lors d'un safari en Afrique où tout le monde fut assassiné hormis les deux compères grâce à leurs tours de magie. La légende veut aussi que Witte ait vendu une fausse Joconde, kidnappé une princesse éthiopienne et travaillé pour les services secrets allemands à Istanbul.

C'est probablement là, qu'il apprend que l'Albanie, devenu depuis peu indépendant, est à la recherche d'un roi et propose cette charge à un neveu du sultan. Comme Otto Witte a une forte ressemblance avec ce neveu, lui et son compère se rendent 1913 à Tirana et se font passer pour le prince attendu et son secrétaire. La subterfuge réussit, si incroyable que cela puisse paraître, et Witte et couronné roi d'Albanie le 13 août 1913. Dans son discours d'acceptation du trône il déclare la guerre au Monténégro et décide que son harem soit constitué de filles du peuple. Le jour même de son couronnement il distribue une partie du trésor royal en gardant une grande partie pour lui-même et choisit les femmes pour son harem. 

Un télégramme du vrai prince risque de faire éclater le scandale mais quand le général Essad Pacha se rend avec des troupes auprès du faux roi celui-ci l'accuse de tentative de coup d'Etat. Les soldats auxquels Witte distribue de l'argent se tournent contre leur général et l'enferment. Witte et son complice décident pourtant à s'enfuir avant qu'ils soient démasqués pour du bon. Les femmes de son harem, ravies d'être devenues concubines royales, l'aident à s'enfuir avec une grande partie du trésor comme butin.

Arrivés en Italie le 16 août, les deux voyous dépensent allègrement l'argent albanais avant de reprendre leur vie de saltimbanques de cirque. De retour en Allemagne Witte aimait se promener dans une uniforme de fantaisie en tant que roi d'Albanie, mention qui figurait même sur sa carte d'identité...! Il publia une autobiographie sous le titre "Cinq jours roi d'Albanie" (même cela est une imposture, car il ne fût roi que trois jours!). Mort à Hambourg en 1958, âgé de 86 ans, sa pierre tombale le désigne "Ancien roi d'Albanie".

Le théâtre du Centaure a mis en scène cette épopée invraisemblable sur un texte de Fabrice Melquiot.  David Mandineau incarne ce personnage fantasque aidé en cela par Koko - un baudet de Poitou...

Mais le vrai scoop vient encore: selon mes sources bien informées (et vérification faite) toute l'histoire de Witte, roi d'Albanie n'est qu'une imposture de plus. Le "vrai" éphémère roi d'Albanie était le prince Wilhelm zu Wied! C'est à lui que des émissaires albanais ont proposé le trône de leur pays en 1914. Le prince et sa famille arrivent en mars à Durrës, dans un pays pauvre, dans une résidence "royale" très modeste (une maison à deux étages en centre ville - sans trésor royal et sans harem). Sans connaissances du pays et des moeurs locaux il fut rapidement confronté à des luttes de pouvoir entre puissances étrangères, chefs de clans autochtones. La situation s'empirait encore quand la Grande Guerre éclata. Le prince Wilhelm zu Wied était obligé de quitter le pays en septembre de la même année. Il n'a pourtant jamais abdiqué en tant que roi jusqu'à sa mort en 1945 à Bucarest, en Roumanie.

Alors Witte qui ressemble au neveu du sultan, le nom Witte qui rappelle celui de Wied... Peu importe, c'est une histoire rocambolesque, attendons ce que l'âne nous dira!


: Théâtre du Gymnase, 4 rue du Théâtre Français, 13001, 0 820.000.422
quand: du 13 au 21 février à 20h30, mercredi à 19h (relâche dimanche 15 et jeudi 19 février)



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